Yannick Nézet-Séguin, Hélène Grimaud et le Rotterdams Philharmonisch Orkest étaient au TCE à la mi-octobre 2016 pour un concert Bartók et Mahler.
La 1ere partie était consacrée au 3e Concerto pour piano de Béla Bartók. Les interprètes ont donné une très belle version de cette oeuvre, plus facile d’accès que le 1er Concerto voire que le 2e, avec qui elle partage un mouvement lent extraordinaire. Parfois encore le mal aimé des 3 concertos, l’oeuvre regorge pourtant de passages magnifiques, et possède un esprit presque Mozartien, mais avec les caractéristiques propres au compositeur hongrois (modes et gammes, liens avec le folklore, contrepoint / écriture fuguée). Si les 2 mouvements vifs sont pleins d’allant, c’est bien l’Adagio religioso qui est le point culminant de l’oeuvre, avec son choral qui renvoie à la fois à Beethoven, à Bach et à Mozart, et avec sa musique nocturne centrale, toute Bartókienne.
Changement d’atmosphère avec un orchestre bien plus fourni pour la 1ere Symphonie de Gustav Mahler, Titan. Ce coup de maître pour un jeune compositeur – l’oeuvre étant totalement incomprise à sa création – est l’un des sommets de son corpus symphonique. Yannick Nézet-Séguin et son Rotterdams Philharmonisch Orkest (avec l’excellente Marieke Blankestijn pour leader) ont su parfaitement faire ressortir les qualités et l’originalité de la symphonie (les timbres et l’orchestration si propre au compositeur autrichien), avec ses 4 mouvements aux atmosphères si variées : le réveil de la nature dans le 1er où un ou deux passages renvoient à Bruckner, l’aspect populaire d’un « ländler » dans le 2e, la marche funèbre basée sur le thème de Frère Jacques dans le 3e et le Finale tumultueux qui dure à lui seul l’équivalent de bien des symphonies de Haydn ou Mozart…
Yannick Nézet-Séguin n’a pas dérogé à son habitude de donner un bis, l’une des Danses Hongroises de Brahms, ce qui était fort sympathique de sa part, mais peut-être pas indispensable après un tel sommet.