Le Schwanengesang de Schubert par Matthias Goerne & Christoph Eschenbach

Matthias Goerne, Christoph Eschenbach, Salle Pleyel, Paris, 11 mai 2012

La soirée Schwanengesang donnée par Matthias Goerne & Christoph Eschenbach à la Salle Pleyel était le dernier des 3 concerts dédiés aux cycles de lieder de Schubert.

Depuis la retraite précoce de Thomas Quasthoff il y a quelques mois, Goerne est sans aucun doute le plus grand baryton chanteur de lied de notre époque. Eschenbach – aujourd’hui surtout actif comme chef d’orchestre de renom – reste un excellent pianiste. Sa carrière en tant que pianiste a toujours favorisé 2 pôles, le répertoire « standard » et l’accompagnement de lieder : son enregistrement du Dichterliebe de Schumann avec le légendaire Dietrich Fischer-Dieskau est parmi les plus extraordinaires jamais gravés. Je garde aussi à l’esprit un concert Schöne Müllerin à Pleyel il y a 20 ans – une soirée mémorable, heureusement disponible en DVD. Fischer-Dieskau, qui fut le professeur à la fois de Goerne & Quasthoff, est mort juste une semaine après ce récital et 10 jours avant son 87e anniversaire et va manquer à tous les amateurs d’opéra, de musique religieuse et de lied.

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Matthias Goerne & Christoph Eschenbach

Goerne avait décidé de chanter le groupe des lieder sur Rellstab – y ajoutant Herbst – suivi de ceux sur les poèmes de Heine, sans le Taubenpost de Seidl, dont l’atmosphère légère n’a rien à voir avec celle des Heine. Un choix intelligent.

L’interprétation était en effet intelligente, belle et émouvante. J’ai été particulièrement touché et impressionné par Kriegers Ahnung, Frühlingssehnsucht, Aufenthalt et In der Ferne (Rellstab), Der Atlas, Ihr Bild, Die Stadt, Am Meer et Der Doppelgänger (Heine). Les lieds sur Rellstab avaient la tension et la vigueur nécessaires, ceux de Heine cette nudité, ce dépouillement caractéristique des derniers chants de Schubert : l’impression d’être un acrobate sur sa corde raide avec un abîme en dessous.

Les 2 musiciens sont revenus pour un bis, évidemment Die Taubenpost!

Matthias Goerne Christoph Eschenbach 120511

Matthias Goerne & Christoph Eschenbach

Le Schwanengesang dure environ 1 heure. S’il est de coutume que les concerts dédiés aux cycles de Schubert durent 1h à 1h20 – le Winterreise étant plus long – sans y inscrire d’autre œuvre, Christoph Eschenbach était de retour après un entracte pour jouer la dernière sonate de Schubert. Cette pièce célèbre débute par un long Molto moderato suivi d’un merveilleux Andante sostenuto. Ces 2 mouvements ont été très bien interprétés à un tempo assez lent – comme précisé ! – avec de nombreux passages splendides. J’ai été moins enthousiasmé par le Scherzo, mais l’Allegro ma non troppo final a été un autre temps fort de la soirée.

Michel

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