Je doute qu’il y ait déjà eu une telle brochette de pianistes sur la scène de la Philharmonie de Paris avant cette soirée : Martha Argerich, Stephen Kovacevich, Nicholas Angelich, les excellentes Akane Sakai et Lilya Zilberstein et les sœurs Buniatishvili. Mais il n’y avait pas que des pianistes, puisque s’étaient joints Renaud Capuçon (violon), Edgar Moreau, (violoncelle), et les percussionistes Jean-Claude Gengembre et Camille Baslé, pour jouer dans différentes formations (piano solo, 4 mains, 2 pianos, musique de chambre…).
Martha Argerich & Stephen Kovacevich lançaient la soirée avec le Prélude à l’après-midi d’un faune de Claude Debussy, dans une version rare mais très intéressante. Puis Stephen Kovacevich jouait magnifiquement la Mazurka op. 17 No. 4 de Frédéric Chopin.
Venaient ensuite Akane Sakai et Lilya Zilberstein qui interprétaient les 6 Etudes en forme de canon de Robert Schumann dans leur arrangement par Debussy. Ces pièces assez rarement données en concert sont pourtant de superbes miniatures de contrepoint – un hommage au grand Bach – et ont été extrêmement agréables à entendre sous les doigts des 2 pianistes.
La 2e partie débutait avec La Valse de Ravel par les soeurs Buniatishvili – je pense que c’est la 1ere fois que j’entends cette pièce sous ce format, et je n’ai été que très modérément enthousiaste – puis un extrait de la Sonate pour violoncelle et piano de Szymon Laks (le 3e mouvement) avec un texte lu par Annie Dutoit. Si comme pour moi, le nom n’est pas très familier, Laks était un compositeur et violoniste polonais, qui émigra en France et pendant la 2e guerre mondiale devint le chef de l’orchestre des prisonniers à Birkenau-Auschwitz ; après la guerre il se remit à composer et écrivit plusieurs livres.