L’Union Soviétique était certainement le pays qui a produit le plus grand nombre de pianistes femmes de premier plan : Maria Yudina, Tatiana Nikolayeva, Viktoria Postnikova, Elisabeth Leonskaja, Eliso Virsaladze, Ludmila Berlinskaïa pour n’en citer que quelques unes.
Leonskaja était en récital au TCE dans un programme qui devait être tout Schubert, mais elle avait prévu de nous réserver quelques surprises.
Elle a commencé avec la Sonate n°3 D. 459 : c’est une chance d’entendre une telle interprète dans l’une des sonates « de jeunesse » qui sont bien trop négligées aujourd’hui.
Puis elle s’est adressée au public et a expliqué qu’elle allait jouer les 6 petites pièces pour piano Op.19 d’Arnold Schoenberg, ce qu’elle fit de manière remarquable !
Retour à Franz Schubert, avec la célèbre Wanderer-Fantasie. Cette oeuvre est également rarement donnée en concert, probablement parce qu’elle est extrêmement exigeante. Elisabeth Leonskaja en a donné une version phénoménale.
Après un entracte bien mérité, elle a annoncé une seconde surprise: les Variations Op. 27 d’Anton Webern. Elle en a donné une excellente interprétation, même si elle a dû lutter avec la partition qui ne voulait pas rester à sa place.
La dernière oeuvre était l’ultime Sonate D. 960 de Schubert. Je l’ai entendue de nombreuses fois ces dernières années par une longue liste de pianistes renommés, et son interprétation a été à classer dans les toutes meilleures.
Même si je sais d’expérience que les musiciens de l’école soviétique sont extrêmement généreux, j’avais malgré tout des doutes sur le fait qu’elle jouerait des bis, ayant déjà ajouté Schoenberg et Webern. Mais elle a donné 2 superbes bis : la 1ere des Klavierstücke D. 946, et l’Impromptu D. 899 n° 3.
Et elle est venue ensuite pour une séance de dédicace !