Peter Hammill, La Salumeria della Musica, Milano, 13 Mai 2012
J’ai depuis des années prévu de dédier une section de mon site web à Peter Hammill, sans être parvenu à la construire jusqu’à maintenant… Heureusement, son site sofasound et quelques autres très bons sites sont assez fréquemment mis à jour.
Peu d’artistes, dans ce qu’il est convenu d’appeler la musique populaire, se sont montrés aussi tenaces, intelligents, ambitieux dans le bon sens du terme, refusant les compromis et de sacrifier la musique et les textes aux modes et à la volonté des maisons de disque.
J’ai entendu parler de PH la première fois dans un article sur Joy Division, et appris plus tard qu’il était un très des rares musiciens du « rock progressif » respecté (admiré) par les groupes punks. J’ai acheté mon premier disque lors d’un voyage en Angleterre vers 1987 : Sitting Targets, qui datait du début des années 80. Titre étrange, tout comme la pochette, textes et musique excellents.
Suivirent rapidement A Black Box, Nadir’s Big Chance, le nouveau (et sous-estimé) In A Foreign Town, puis PH7. Et plus tard, toute son immense discographie, y compris les disques de Van Der Graaf Generator et ceux avec le K Group.
Une chose à laquelle malgré tout je n’étais vraiment pas préparé était l’expérience du concert. Celui à Paris en 1989 à l’Européen (le Théâtre en rond), où PH jouait soit en solo, soit en duo l’incroyable guitariste John ‘Fury’ Ellis, a été une plongée en terres inconnues. Peter habite ses chansons avec une intensité rare et une présence physique palpable – je ne vois que Jacques Brel ou Ian Curtis pour aller dans les mêmes zones, et peut-être aussi Iggy Pop. Chacun ayant sa propre personnalité et sa musique.
Depuis ce choc initial, je fais de mon mieux pour ne rater aucun concert à Paris ou Londres, et parfois ailleurs comme en Allemagne ou en … Italie !
Je suis arrivé à Milan la veille du concert, et le lendemain matin après un rapide mais très agréable petit-déjeuner … je filais visiter l’exposition Titien. Vers 14h, rendez-vous avec d’autres ‘fans’. Monique, Andy, Adrian, Jan, Willy et moi-même avons marché dans le quartier du Duomo et fait un repas léger.
Plus tard, c’était l’heure de marcher jusqu’à la salle, La Salumeria della Musica. Il y a un piano et une guitare acoustique sur scène – comme presque toujours pour les concerts solo de PH, le piano étant parfois remplacé par un autre type de clavier.
Le « thin man » arrive, s’assoit au piano, et démarre avec My Room. Dès les premiers accords, le pouvoir de la voix de Peter, qui a une étendue assez incroyable, fait entrer instantanément le public dans la musique. Le second morceau est tiré du nouvel album : That wasn’t what I said. La chanson est vécue de façon intense, le choc est toujours là. Le texte est lié à l’impossibilité de se faire correctement comprendre, de communiquer, un mot pouvant vêtir différentes significations pour différentes personnes ; il est aussi lié à l’espèce de dictature folle des media, renforcée par internet et les media sociaux. Les problèmes de communication entre les gens ont été depuis longtemps présents dans les chansons de PH, mais plus encore depuis les années 2000.
Venait ensuite Autumn, une chanson sur le fait de vieillir, voir ses enfants partir. Une situation difficile à vivre pour beaucoup de parents. Superbe interprétation encore une fois ! Puis c’est le tour du plus récent Meanwhile my mother, un morceau émouvant sur certains voyages que les personnes âgées font seules, par exemple quand elles sont victimes de maladies comme Alzheimer.
Les 2 derniers titres au piano Your time starts now et le très vieux Vision.
Puis Peter passe à la guitare et s’installe sur le tout devant de la scène et chante Last Frame, puis The Birds, qui est interprété de manière superbe. J’aime beaucoup les images poétiques développées dans les paroles. Stumbled est une chanson bien plus sombre, très forte, et l’interprétation totalement maîtrisée de Peter est fantastique. Afterwards et une excellent version de Modern clôturent la partie guitare du concert.
Peter repart s’installer au piano. Beaucoup ne voient que sa tête. Il joue This Side of the working Glass, avec un sentiment profond de tristesse ; la chanson est tirée de son album Over, l’un de ses disques les plus personnels.
Puis il joue 3 morceaux très récents, Bravest Face, l’un des meilleurs titres de son dernier opus, une très bonne version de The Mercy, et un extraordinaire A Run Of Luck, tiré aussi du nouveau disque – à mon avis, la chanson la plus émouvante, celle qui clôt le CD.
Comme le dit Peter : « Ce soir, le fil conducteur est le très ancien ou très récent répertoire ». Et il passe à Still Life, chef d’oeuvre sur la mortalité/l’immortalité.
Le grand PH revient pour un bis, House With No Door, une autre chanson ancienne, interprétée avec une vision exceptionnelle.
PH a ensuite eu la gentillesse de participer à une séance d’autographes, signant livres, albums, photos…
L’heure de rentrer à l’hôtel, passer une bonne nuit, faire de beaux rêves et le lendemain matin, prendre un nouveau petit-déjeuner avec Monique et Andy, entre autres !
Liens :
Peter Hammill Sofasound
Peter Hammill
Piano
My Room (Waiting for Wonderland)
That Wasn’t What I Said
Autumn
Meanwhile My Mother
Your Time Starts Now
Vision
Guitar
Last Frame
The Birds
Stumbled
Afterwards
Modern
Piano
This Side of the Looking Glass
Bravest Face
The Mercy
A Run of Luck
Still Life
Bis :
House With No Door