Evgeni Koroliov et Grigory Sokolov: deux titans russes du piano pour finir l’année en beauté !
Koroliov, grand interprète de Bach s’il en est, avait choisi les Variations Goldberg pour son concert à la Maison de la Radio. Il a enregistré l’oeuvre il y a 20 ans, et la joue régulièrement (j’ai entendu au moins 2 retransmissions de concerts à la radio, et il y a aussi le DVD de 2008) mais jamais à Paris que je sache.
Le 1er concert où j’ai vu Evgeni Koroliov était au TCE pour un exceptionnel Art de la Fugue, et il nous a gratifiés à chacune de ses venues de concerts en tout point remarquables, dont un récital tout Bach un dimanche matin il y a 5 ans environ.
György Ligeti a dit du Bach de Koroliov : « … mais si sur mon île déserte je n’avais droit qu’à une seule oeuvre musicale, alors je choisirais Bach par Koroliov, car même abandonné, affamé et mourant de soif, je l’écouterais jusqu’à mon dernier souffle ».
Koroliov a servi les Goldberg avec la plus profonde compréhension de la musique, une vision et une technique impeccables. Une heure et demie magistrale !
Juste 2 jours plus tard, Sokolov jouait Beethoven et Schubert au TCE.
De Beethoven, il avait choisi la 3e Sonate pour piano et les 11 Bagatelles op. 119. Ces dernières sont relativement peu jouées (à l’opposé des Bagatelles op. 126). J’ai été plus touché par la Sonate dont il a donné une interprétation qui appelle les superlatifs !
Sokolov a joué ensuite les 4 Impromptus D.935 de Schubert. J’ai lu quelque part un critique qui mentionnait que la vision de Sokolov de cette oeuvre se focalisait sur l’intime. C’est absolument le cas, et totalement logique, Schubert étant le musicien de l’intime par excellence !
Sokolov, qui joue toujours dans la pénombre, à l’instar de Richter et Pogorelich, pour que l’auditoire se concentre sur la musique et non sur le pianiste, a donné une de ces longues séries de bis dont il a l’habitude généreuse :
Schubert, 4e Impromptu D.899, Rameau, un jubilatoire Les Sauvages, Schubert à nouveau, Mélodie Hongroise D. 817, Rameau derechef, Le Rappel des oiseaux, le Prélude op 24 n° 4 de Scriabine et enfin le Prélude du Livre I « Des pas sur la neige » de Debussy.
Parfait pour clore cette soirée de haut vol !