La Philharmonie de Paris souhaitait fêter Ivry Gitlis. La soirée mélangeait musique et entretien avec le vieux maître. Je précise tout de suite : vieux en années (96), Gitlis a conservé sa jeunesse d’esprit et une grande vivacité intellectuelle.
Après une courte introduction, la 1ere partie de la soirée était consacrée à la musique, principalement classique, avec une longue liste d’amis ou d’anciens élèves faisant la queue pour jouer. Certains ont dit quelques mots au public ou échangé juste avec Ivry, et l’un a même écrit une sorte de poème.
Le pianiste Itamar Golan et le violoniste Thomas Lefort ont joué une Danse espagnole de Granados et un bel arrangement de Kreisler de Songs My Mother Taught Me de Dvořák, suivis de Vahan Mardirossian et Jean-Marc Phillips-Varjabédian interprétant un Nocturne de Khatchatourian et sa célèbre Danse du sabre. Toujours piano et violon, avec Akane Sakai et Mayu Kishima, jouant le magnifique Andante et l’Allegrissimo de la 1ere Sonate de Prokofiev.
Golan et sa collègue Natsuko Inoue ont ensuite donné 3 pièces Yiddish, avant que Martha Argerich, une compagne de longue route de Gitlis, accompagnée par Akane Sakai, ne joue impeccablement les Variations sur un thème de Paganini composés par Witold Lutosławski. Argerich cette fois avec le pianiste Iddo Bar-Shaï donnait ensuite une remarquable interprétation de En blanc et noir de Debussy. Le mouvement central, Lent. Sombre, a été un moment d’exception !
La Philharmonie a ensuite diffusé de courtes vidéos de plusieurs musiciens qui ont joué avec Gitlis mais ne pouvaient participer à la soirée tout en souhaitant célébrer leur ami : Zubin Mehta, Daniel Barenboim, Itzhak Perlman et enfin Menahem Pressler, qui a lui-même 95 ans et est toujours actif !
Vinrent ensuite des extraits des Danses populaires roumaines de Béla Bartók et le Nocturne du 2e Quatuor de Borodine, joués par le Quatuor David Oistrakh.
La 1ere partie se refermait avec Nicholas Angelich et Renaud Capuçon dans la Sicilienne du Concert de Chausson avec le Quatuor Ebène.
Après la pause, Emmanuel Hondré a posé quelques questions au vieux maître, le laissant libre de passer à d’autres sujets s’il le souhaitait, à la joie du public car le sens de l’humour de Gitlis est toujours bien présent.
Gitlis avait confectionné une petite surprise, avec l’aide de Martha Argerich, qui a joué avec Sergei Nakariakov au bugle, les Fantasiestücke de Schumann.
Il y a eu encore quelques échanges empreints d’humour et parfois de sérieux, avant que le Sirba Octet ne joue 4 pièces traditionnelles. Les habitués de la Philharmonie – et avant cela de Pleyel – ont pu reconnaître Philippe Berrod, l’un des clarinettes solos de l’Orchestre de Paris ainsi que leur ancien contrebasse solo, Bernard Cazauran.
L’Octet a donné un bis avec la participation de tous les autres musiciens avant qu’Ivry Gitlis ne dise quelques mots touchants et que tous ne s’en aillent.
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