Paul Badura-Skoda joue Schubert au Musée Jacquemart-André

Paul Badura-Skoda est toujours actif à 91 ans, et un fidèle de la série de concerts organisés par Hervé Archambeau à Jacquemart-André.

Le grand maître autrichien avait choisi les 2 dernières Sonates de Franz Schubert, écrites dans les tous derniers mois de la courte vie du compositeur.

Badura-Skoda aime donner des explications au public avant de jouer, et il n’a pas  failli à la tradition en présentant en français, en détail la Sonate D. 959 – jouant les différents thèmes et les passages clés -,  et moins en détail la Sonate D. 960. Si les 2 Sonates partagent bien des aspects, elles ont aussi d’importantes différences.

Badura-Skoda a expliqué que la D. 959 est très moderne (50 ans en avance sur son temps), et il a naturellement parlé de l’Andantino et de la brusque explosion en son centre qu’il a comparé à une éruption ou un tsunami, liée à la lucidité de Schubert sur la maladie mortelle qui le rongeait. Pour moi, cette partie est l’une des plus incroyablement émouvantes de toute la musique classique (avec la section assez similaire dans l’Andante cantabile con espressione de la 8e Sonate K. 310 de Mozart, composée à Paris au moment de la mort de sa mère). Badura-Skoda a ensuite expliqué que la D. 960 est au contraire une oeuvre où Schubert s’est résigné à son sort.

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Folle Journée de Nantes: Mozart à Paris et de la musique vocale française

Un voyage rapide en TGV à Nantes, du ciel bleu pour se promener autour du château et de la cathédrale, et c’était l’heure du 1er concert. Arrivé dans la Cité des Congrès, en traversant la Grande Halle à l’heure du déjeuner, j’ai aperçu le Sirba Octet qui donnait un concert gratuit.

Le violoniste Régis Pasquier et le pianiste Jean-Claude Pennetier, partenaires musicaux de longue date, avaient choisi un programme Mozart centré sur des compositions de son second séjour à Paris en 1778.

Les musiciens ont commencé avec la Sonate K 304, la seule oeuvre de Mozart en mi mineur, un choix reflétant son état d’esprit, car sa mère bien aimée, Anna Maria, qui voyageait avec lui, était tombée malade et était morte. Ce drame personnel, tout comme l’échec de Mozart dans sa recherche d’un emploi pour échapper à Salzburg, s’entendent aussi dans sa très remarquable Sonate pour piano n°8 K 310 en la mineur, que Pennetier avait par ailleurs mise au programme d’un autre des concerts de la Folle Journée. La K 304 est en 2 mouvements : un Allegro tragique et tendu suivi d’un Minuetto, dont la musique inclut des moments crispés mais aussi d’autres passages plus doux ou mélancoliques. Un grand merci aux 2 musiciens pour avoir choisi cette Sonate habitée.

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